Axe 6 – Durabilité

Axe 6 – Enjeux environnementaux dans les démarches de qualification

Les SIQO, symboles auprès des consommateurs et citoyens d’une image de tradition et de qualité « supérieure », sont interpellés quant à leur performance écologique. Pour autant, l’intégration d’une composante environnementale dans la construction d’une démarche qualité n’est pas évidente. En dehors du label « Agriculture Biologique », les cahiers des charges des SIQO n’ont jamais été tenus d’intégrer une dimension environnementale. Cette intégration représente dorénavant potentiellement de nouvelles contraintes productives pour les agriculteurs engagés dans ces démarches, que ces derniers peinent à s’imposer collectivement. Pour les acteurs des filières, ces exigences tendent à devenir de nouvelles conditions d’accès au marché à part entière. Au niveau politique (national et européen), il semble pourtant maintenant que les décisions soient prises, comme en témoignent les mesures liées au verdissement de la PAC ou au Projet Agroécologique pour la France, résultante du Grenelle de l’Environnement. A court terme, la démonstration de la performance environnementale des productions sous SIQO va être imposée, obligeant ceux-ci à faire évoluer leurs pratiques.

 

Au-delà du champ des SIQO, certaines démarches de qualification, plus récentes, apparaissent mieux armées face aux enjeux écologiques, et mettent déjà en avant une dimension environnementale. D’autres seront amenées à le faire dans les prochaines années. Les difficultés à élaborer puis à mettre en œuvre des règles concrètes et porteuses de valeur ajoutée sont tout aussi réelles que pour les SIQO.

 

Cet axe vise ainsi à produire les connaissances et les outils nécessaires pour comprendre et pour accompagner cette transition écologique des démarches de qualification.

 

Quatre sous-axes cadrent ces actions :

  • 1 – État des lieux des actions menées en faveur d’un renforcement de la performance environnementale : dans le but d’alimenter les autres sous-axes, il apparaît nécessaire d’envisager les tenants et les aboutissants de cette transition environnementale au travers d’un état des lieux général des actions mises en œuvre au sein des démarches pour appréhender ce défi. Grâce notamment à des enquêtes menées dans plusieurs régions, voire au niveau national, il s’agira ainsi de comprendre comment les ODG s’efforcent d’inscrire dans leur cahier des charges (AOP/IGP, Label Rouge et STG) des mesures et des pratiques plus durables. Un même état des lieux pourra être réalisé concernant les démarches hors SIQO. Enfin, ce travail sera consolidé par une veille règlementaire, ainsi que par une analyse prospective.

 

  • 2 – Renforcement des outils de diagnostic et auto-évaluation de la performance environnementale : si les outils d’évaluation de la performance environnementale au niveau d’une exploitation (IDEAS…) ou d’une filière (ACV…) sont maintenant relativement bien développés, ceux permettant cette évaluation à l’échelle d’un SIQO le sont moins. Il s’agira de faciliter la construction d’outils permettant le diagnostic, l’auto-évaluation et le renforcement de la performance environnementale à cette échelle.

 

  • 3 – Analyse des freins et des leviers pour favoriser la performance environnementale : une analyse objective et fine des freins à l’intégration des aspects environnementaux s’avère pertinente, ainsi que des leviers associés. Pour ce faire, deux angles complémentaires sont privilégiés. D’une part, il s’agira d’analyser les contraintes supplémentaires et les conséquences en termes de coût de production qu’elles peuvent représenter, pour des retombées économiques non garanties. Les voies permettant de concilier les impératifs environnementaux et économiques et d’imposer ainsi une empreinte environnementale plus faibles pourront alors être analysées pour l’ensemble des démarches de qualification, y compris l’agriculture biologique. D’autre part, une meilleure performance environnementale passe également dans de nombreux cas par un renforcement de la cohésion et de la capacité d’action collective des producteurs et des transformateurs, travaillant avec un SIQO ou au sein d’une autre démarche de qualification. Des coopérations à une échelle plus large (collectif d’ODG, une interprofession, collectif de démarches à l’échelle nationale, etc…) peuvent également favoriser les innovations nécessaires. En effet, la recherche de solution collective peut s’avérer plus efficiente qu’un processus d’essai-erreurs menés à une échelle individuelle ou à celle d’un ODG. Cependant, la concurrence existante entre producteurs d’un même SIQO et entre SIQO n’est pas à oublier, et une performance environnementale apparaît de plus en plus comme un avantage concurrentiel. Les voies de renforcement de la coopération intra et inter démarche en vue d’une meilleure performance environnementale seront donc également analysées, en accordant une place particulière aux stratégies de partage d’expériences mises en œuvre par les acteurs.

 

  • 4 – L’économie circulaire pour renforcer la performance environnementale dans les territoires : une piste semble fortement prometteuse en matière de renforcement de la performance environnementale, celle du passage d’un modèle linéaire (ou « filière ») à une économie circulaire (valorisation des co ou sous-produits issus de l’activité agricole ou agroalimentaire), voire à une écologie industrielle territoriale visant à créer des flux intersectoriels sur un même territoire par la valorisation des co-productions d’origine agricole. Les travaux permettront ici d’identifier les freins et les leviers permettant d’inscrire les démarches de qualification dans ce type de logique. Il s’agira de mieux saisir les logiques de décloisonnement d’acteurs, la construction de nouveaux partenariats productifs, voire de gouvernances territoriales innovantes.